1 - HISTORIQUE :

Il est difficile de dater exactement les débuts de la musique mécanique. On possède des informations différentes et contradictoires.

On a pu trouver qu'au 1er siècle HERON avait écrit "pneumatica" sur des fontaines et des automates musicaux.

Au IX siècle, une grand mathématicien arabe, BANU MUSA BEN SHAKIR, nous a transmis la plus ancienne description d'un instrument mécanique connu à ce jour.

Il s'agit d'une flûte dont les trous sont obturés mécaniquement par un jeu de clés, munies de tampons actionnés par un cylindre. L'ensemble est entraîné par un système hydraulique. Dans d'autres documents on date le cylindre de 1300.

Un des instruments le plus ancien conservé est le "Hornwerk" à SALZBURG en Autriche. On estime a fabrication aux environs de 1500.

A partir de 1600, on trouve des informations plus précises sur Salomon de Caus, Robertus de Fluctibus et Athanasius Kircher, qui étudient les forces hydrauliques et les cylindres comme supports musicaux.

Durant la même époque on fabriquait en Allemagne à Augsbourg des automates avec des orgues miniatures et des personnages animés.

En Forêt Noire on débutait la fabrication de pendules à flûtes.

En Allemagne, la guerre de trente ans (1618-1648) a empêché les efforts innovateurs.

En 1735, le français Jacques de Vaucanson, présente un automate qui joue réellement de la flûte traversière. Les mains et la bouche sont commandées par un cylindre.

Pierre Jacques Droz (1721-1790), fabriquait des automates, pendules et mouvements à musique.

On possède des documents de Lamettrie sur des androïdes (hommes mécaniques jouant des instruments).

Hoffman, Kauffmann t Kempeler ont fabriqué au XVIII siècle des instruments mécaniques ou androïdes.

A la fin du XVIII siècle, aux environs de 1730, il y a eu Dom Bedos qui explique la serinette, un tout petit orgue mécanique à 10 notes. Grâce à un jeu de tuyaux en bois ou en étain, parfois interchangeables, ce petit orgue servait à faire chanter des serins. Dom Bedos donne une explication très détaillé sur cet instrument, sur des orgues d'églises et sur la notation des cylindres.

Il explique également la régulation de vitesse des moteurs à ressorts qui ont remplacé au XVII siècle l'entraînement hydraulique ou par poids ce qui a permis de réaliser des instruments plus petits et plus facilement transportables.

Le père Engramelle publie en 1775 la tonotechnic ou l'art de noter les cylindres. On se rend compte que des moines, scientifiques, mathématiciens et médecins se passionnaient et étudiaient la musique mécanique et les forces hydrauliques ou mécaniques.

Winkel, début XIX siècle, inventeur méconnu du métronome, fabriquait le Componion, un orgue qui composait des moceaux au hasard.

Le XIX siècle devient la période la plus importante pour le développement de ces instruments. Création de marchés internationaux et les fabricants voyageaient dans différents pays pour favoriser leur inspiration. Des succursales étaient installées à l'étranger.

Vers la fin du XIX siècle des coproductions avec  des pièces anglaises et allemandes se sont montées en Amérique. Une clientèles plus vaste s'intéressait à cette musique.

Tout cela a permis une évolution et une diversité fascinante, entraînée par une concurrence importante et internationale. On cherchait à mécaniser presque tous les instruments connus à cette époque.

Dès le début du XX siècle l'innovation du phonographe et de la radio ont causé la quasi disparition de cette industrie. Le cout de grâce fut donné par la deuxième guerre mondiale.

En 1950 on commence les premières collections. Alain Vian, Paul Bocuse sauvegardent un nombre important de ces instruments méconnus à cette époque. Aujourd'hui ils ont de plus en plus de succès auprès des collectionneurs, des musées. Ils perpétuent avec une poignée de réparateurs ce vieux métier d'une façon artisanale.

 

2 - La musique mécanique aujourd'hui :

Particuliers, associations ou communes s'occupent aujourd'hui de ces instruments. Que se soit des collections privées ou publiques, ils sauvegardent ce patrimoine.

Des festivals organisés presque dans tous les pays européens permettent aux amis de la musique mécanique de partager leurs passions en donnant des spectacles, habillés en costumes d'époque, avec des instruments neufs ou anciens.

Environ cinq facteurs et quatre noteurs en France répondent aux besoins des festivaliers ou des musées. Dans les autres pays européens la situation est semblable.

Le noteur étant la personne qui compose des nouvelles partitions ou bien qui transcrit des musiques déjà existantes se trouve actuellement à la recherche d'une nouvelle direction musicale.

Rock, blues, jazz, les Batels pu même Franck Zappa et quelques compositeurs contemporains se font entendre aux coins des rues.

Une polyphonie supérieure à celle de dix doigts de certains appareils électroniques avec une vitesse surhumaine permettent des effets impressionnants. D'ailleurs il y a des rouleaux enregistrés à 4 mains.

Ces musiques profitent aussi aux joueurs d'orgues professionnels, aux chanteurs de rue qui travaillent sous contrat ou en faisant la manche, mais également à quelques forains qui reviennent au manège de chevaux de bois au son du limonaire.

 

3 - Petites notions de notation :

Le carton étant le musicien de l'orgue, sa fabrication est de première importance pour la musicalité et l'harmonie des instruments qui le reçoivent, aussi parfaitement élaborés soient-ils.

Sa composition est donc un travail de spécialistes se comptant sur le bout des doigts d'une main dans chaque pays européen.

Toutefois il existe un certain nombre d'amateurs ou de joueurs d'orgues qui réalisent leurs propres arrangements.

Réalisées en carton kraft, d'épaisseur et de rigidité variables suivant les appareils destinés à les recevoir. Des bandes allant jusqu'à vingt mètres de long, voir d'avantage, peuvent avoir des largeurs différentes selon l'instrument.

Celles-ci sont divisées en pistes, chacune correspondant à une note et une touche d’orgue. Un système de contre collage ou d'entailles opposées permet de replier le carton en pages empilables.

La perforation se fait à l'aide d'un poinçon, soit pneumatique, soit électrique ou encore mécanique, guidée pour suivre la bonne piste.

Tout l'art du noteur réside dans la transcription. Première difficulté dans les petits orgues, on rencontre souvent des gammes incomplètes pour une raison de place forçant l'auteur à arranger au plus fidèle.

La vitesse de défilement du carton contraint aussi le noteur à calculer par rapport au métronome la longueur d'une mesure.

Tous ces paramètres sont repérés, au crayon autrefois, électroniquement aujourd'hui, sur un original en papier. Ce dernier, agrafé sur un carton, permet de percer les trous à l'endroit désiré au moyen d'une perforatrice.

Cette œuvre terminée laisse toutefois au tourneur un espace de liberté et de création en jouant sur la vitesse ou en ajoutant des pauses. Un espace de liberté voué à votre bonheur actuel.